La programmation de notre saison 2017

Il y avait longtemps qu’on ne vous avait écrit… En 2016, La Galerie des Nanas a subi les éléments et a considérablement ralenti ses activités. Vous le savez toutes et tous, la disparition prématurée et soudaine de Martine Birobent, artiste et co-fondatrice de la galerie, fut un choc. Des annonces ont été médiatisées et levaient le voile sur notre futur, parlaient d’ajustements à notre grille de programmation annuelle (voir La Tribune de Sherbrooke).

Eh bien nous y voilà. 2017 est là et nous sommes en mesure de vous divulguer certaines de nos activités à venir. Pour le moment pas de grands changements. Une belle programmation intra-muros et aussi en déplacement. On assume nos passions !

Cette année à nouveau, nous étions présents à la Outsider Art Fair de New-York du 19 au 22 janvier 2017, en binôme avec Galerie Polysémie de Marseille. Logés au stand 32, nous ferons d’abord une large place au travail de Martine Birobent ainsi qu’à la grande Danielle Jacqui, pour qui il s’agira de l’une des toutes premières présences significatives en territoire Nord-Américain. Nous en reparlerons bientôt… Notre stand présentera aussi les œuvres de Anne-Marie Grgich, Anick Langelier, Caroline Dahyot, Evelyne Postic, Jean-Pierre Nadau, Philippe Azema, Olivier Blot, Alexandre Lobanov, David Abisror ainsi que Davood Koochaki.

Danielle Jacqui – La maison de celle qui peint

Martine BirobentLes grands cycles de la vie, se tient du 26 mai au 2 juillet à l’espace Hortense du P’Tit Bonheur de St-Camille et donnera à voir des pièces cachées dans les réserves de la galerie, réalisées par Martine entre 1995 à 2010. Puisés dans les séries Elle, Danse et Mouvement, Mutants et Cambriens ou encore l’Enfant volant, nous sortirons de terre, de petits trésors enfouis. La commissaire montréalaise Flavie Boucher agira de plus comme médiatrice pour présenter une portion de cette exposition à l’automne 2017 dans le cadre du festival Art et Déchirure de Rouen en France.

Deux oeuvres de Martine Birobent sont aussi exposées à Harstad en Norvège pour l’exposition d’ouverture « Cool – The Artic Outsiders » de la Outsider Art Street Gallery, une nouvelle initiative du Stiftelsen Sør-Troms Museum. Milles mercis à Linda Rainaldi du blogue Inside Outsider Art.

Notre saison débute le 13 juin, avec un pré-accrochage d’oeuvres choisies sélectionnées pour l’exposition À l’état brut de la Chapelle historique du Bon-Pasteur (voir plus bas). En juin, l’artiste muraliste Danaé Brissonnet est en résidence de travail à la galerie.

Du 25 juillet au 23 août, nous vous offrons l’exposition Celle qui peint et celle qui brode ou les œuvres de Danielle Jacqui «Celle qui peint» et Emily Beer «Emily Brode». Emily Beer, dont le «Coeur Voodoo» illustre l’actuel communiqué, sera présente pour une résidence de travail à Danville du 25 au 31 juillet et un vernissage aura lieu lors d’un 5 à 7 le mercredi 2 août.

La présence d’oeuvres de Danielle Jacqui à La Galerie des Nanas constitue quant à lui un rêve matérialisé, grâce à une collaboration avec Galerie Polysémie de Marseille, celui de présenter pour la première fois au Canada, le travail de cette véritable fondatrice de l’art singulier, connue notamment pour sa demeure entièrement recouverte de peintures et bas-reliefs (à Roquevaire, France).

Emily Beer – Coeur Voodoo

Du 1er au 4 septembre dans le cadre du Symposium des Arts de Danville, se tiendra le vernissage de l’exposition Sourcils Bas de Mimi Traillette et Clara B. Turcotte. Exposition d’art lowbrow, à destination des publics de jeunes adultes et d’adolescentes – adultes «straight» s’abstenir. Ce courant, très graphique, puise dans le manga et la BD. Le propos est souvent caustique, humour noir et spleen cachés sous le vernis. Le vendredi 1er septembre dès 13h, Clara B. Turcotte et Mimi Traillette présenteront une activité de créativité libre, dans nos ateliers, dans le cadre du Symposium des Arts de Danville, pour la clientèle de la maison des jeunes Au Point de Danville. Cette exposition se poursuivra jusqu’au 29 octobre 2017.

Jean-Robert Bisaillon, directeur artistique de La Galerie des Nanas agira à titre de galeriste associé auprès du commissaire Hugues Brouillet, de la Galerie Robert Poulin et du Musée Patrick Cady, pour l’exposition À l’état brut qui sera présentée du 28 septembre au 5 novembre 2017 à la galerie de la Chapelle Historique du Bon-Pasteur de Montréal. Cette exposition constituera une première au Québec pour les arts bruts, hors-les-normes, singuliers et outsiders. Y sera présenté le travail d’une vingtaine d’artistes du Québec, des USA et d’Europe.

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Le mouvement hors-normes actuel donne sa pleine démesure à la 5BHN de Lyon

Pour Martine Birobent, artiste en résidence de la 5e Biennale Internationale d’Art Hors-Les-Normes de Lyon, les mots-clés pour décrire son séjour de deux mois sont : dense, intense, entraide et solidarité. Les dix jours d’intense activité de la 5BHN, le nombre de participants, de visiteurs, la large palette d’événements et de discussions à laquelle l’édition a convié les amateurs, donnent à croire que non seulement la notion d’art brut est devenue à la mode (ce qui ne nous intéresse pas vraiment), mais surtout que celle d’art hors-normes est un mouvement. C’est du moins le sentiment de la Galerie des Nanas : les arts hors-normes sont pour nous une contre-culture qui émerge comme contre-poids face à la perte d’ancrages populaires, la spéculation financière et le star-system qui caractérisent trop souvent les arts actuels.

(voir notre galerie d’images de la 5BHN)

Un petit film de Jean François Gleyze

Sylvie Kyral, Hélène Lagnieu et Martine Birobent

Pour la petite histoire, c’est Jean Dubuffet qui a suggéré le terme d’art hors-normes pour ouvrir la catégorie patrimoniale de l’art brut à un ensemble de pratiques autodidactes atypiques n’étant pas strictement l’expression de non-artistes atteints de troubles mentaux, de développement ou de handicaps. L’architecte Alain Bourbonnais a adopté ce concept pour cadrer la mission de l’Atelier Jacob, sa galerie parisienne (à la fin des années 1950) et plus tard de son musée de La Fabuloserie, lieu toujours incontournable qui lui survit.

Depuis quelques années, les arts bruts entrent dans les musées (notamment au MoMA et au LAM (Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut)), les oeuvres des artistes phares de cette vaste esthétique se transigent de plus en plus à la frontière, sinon au dessus de la centaine de milliers d’Euros : Adolf Wölfli, August Walla, Henry Darger, Bill Trayor ou Martin Ramirez. Lors de notre voyage nous nous sommes arrêtés à la Halle Saint-Pierre à Paris où le magazine Raw Vision tient une exposition rétrospective pour fêter ses 25 ans d’existence et où sont présentées les oeuvres des grands noms de l’art brut. Il faut lire le texte de Laurent Danchin « Art outsider : la fin d’un mythe? », préparé pour le catalogue de cette exposition, qui explique avec force et exemples, la distinction qui prévaut entre « Art savant » et « Art brut ».

Mais trêve de présentation et revenons à notre expérience de la 5BHN. Tout d’abord, il faut souligner le fait que la BHN est certainement l’événement ponctuel le plus riche en découvertes et en échanges autour des arts hors-normes. Si la Outsider Art Fair de New-York et bientôt Paris, ou encore la foire Metro Show de New-York proposent des ateliers-discussions et surtout une offre de haut niveau pour les acquéreurs, aucune ne possède l’ancrage populaire, l’ouverture et la philosophie qui en font de véritables lieux d’échange, de réflexion et de découvertes, comme le fait la BHN. La BHN est ouverte sur 10 jours et les artistes y sont largement présents pour effectuer la médiation qui s’impose auprès des nouveaux publics. Plusieurs lieux Lyonnais sont labellisés et mis à contribution pour l’événement, en tout 27, dont les universités Lyon 2 et Lyon 3, les Mairies du 3e et du 8e arrondissement, le Musée des moulages et diverses galeries privées.

Surtout, la BHN repose essentiellement sur l’engagement bénévole de quatre artistes hors-normes Lyonnais, qui portent littéralement l’événement sur leurs épaules et mobilisent à leur tour plus de 200 autres artistes : Guy Dallevet, Loren, Jean-François Rieux et Mélanie Stoll sont des amours et notre fabuleuse expérience leur doit tout.

La Galerie des Nanas a été choisie dans la sélection officielle présentée à Lyon 2 et nous avons fait le déplacement non-seulement pour Martine Birobent, mais aussi pour présenter le travail de Anick Langelier et Jacinthe Loranger. Jacinthe s’est jointe à nous pour la soirée du vernissage, avant de se rendre en visite à la Biennale de Venise, qui présente cette année une sélection d’art brut.

Nous osons affirmer que l’art hors-normes est devenu un mouvement parce que de nombreux facteurs quantitatifs et qualitatifs à cet effet étaient notables lors de la 5BHN. Tout d’abord une grande solidarité s’est vite développée entre les artistes, le public et les participants : nous n’oublierons pas de sitôt les filles du deuxième étage : Hélène Lagnieu, Odette Picaud, Christine Béglet (qui déjà est représentée par la galerie), Sophie Herniou, Sylvie Kyral. Nous avons adoré notre rencontre avec Claire Chamoro, Éric Demelis, Maina, Marco, Sophie Ruttimann, Tidru, Sophie Noël, Joël Crespin, Mariette, Eric Martin, Nathaly Hertwig-Gillet, Marie Auger, Véronique Dominici et Sabrina Gruss. Nous sommes en amour avec le travail de Catherine Ursin, Charlotte Rondard et Evelyne Postic et rêvons de les voir en résidence chez nous le plus vite possible! Nous souhaitons aussi souligner le travail de réflexion et de recherche qui nous fut donné d’apprécier de la part de Jean-Michel Chesné (on a bel et bien acheté le Gazogène qui porte sur les lieux fabuleux disparus), Baptiste Brun et Déborah Couette. Merci à Papy Art pour l’affiche originale! Plein de bises à Fatima, Jo, Remy, Marianne Tisserand, Lili Cukier et la cohorte de généreux bénévoles. Bonjour à Élodie et Mgx, Louis Chabaud et Paulette, Babart. Cher Bernard Pilorge, plein de bises pour tes magnifiques photos et ta disponibilité.

Cette idée de mouvement s’appuie sur une grande solidarité artistique, mais aussi sur une grande solidarité humaine, sur de l’entraide, sur de nombreux lieux associés à l’événement, sur des repas et du Côtes-du-Rhône partagés ensemble. Les artistes de la BHN ont concrétisé de nombreux échanges d’oeuvres entre eux, entre elles devrait-on dire, puisque à l’instar du choix que la Galerie des Nanas a fait en priorisant le travail des femmes, cette solidarité entre femmes artistes du mouvement hors-normes actuel s’est manifestement fait sentir à la 5BHN. Autre élément non-négligeable, les ventes réalisées à la BHN se chiffrent au delà de nos espoirs. Cet art, dont les prix à l’entrée seront toujours assez raisonnables, permet une renaissance des ventes d’oeuvres originales et le public a bien répondu.

Non seulement étions-nous à la 5BHN, mais Martine Birobent participait aussi à l’exposition collective «Jardins secrets» de la magnifique galerie Le coeur au ventre, nouveau lieu exceptionnel qui concoure admirablement bien à ancrer cette idée de mouvement. Nous y avons rencontré les artistes Petra Schawnse, Jakeline, Isabelle Jarousse, Cynthia Chazal, Rodolphe Bessey, Denis Stroff et le magnifique couple que forment Chong Ran Park et Francis Marshall. Les jeunes mariés Ludo Oster et Marion Hanna, propriétaires de la galerie, sont des collectionneurs hors de l’ordinaire, des phares lumineux à l’instar de Loren, Guy, Jean-François et Mélanie.

Nous sommes complètement ravis de pouvoir annoncer la venue en résidence de Marion Hanna, dite Lucrèce, à la Galerie des Nanas et juillet 2014, car c’est aussi une artiste fabuleuse. Elle exposera chez nous en août 2014. Elle participera de plus à notre projet de la vitrine de Noël 2013 à La Centrale-Powerhouse à Montréal, avec l’une de ses superbes boites votives. Nous pouvons aussi annoncer que la galerie Le coeur au ventre représente désormais le travail de Martine Birobent en France.

Pour terminer, les efforts et le soutien de Marie-Laure Galland (la maman de l’artiste Robin Comte) et de Nicole Reimann nous permettent d’annoncer la tenue d’une exposition monographique de l’artiste Anick Langelier à l’automne 2014 à l’Espace 34 de Genève, ainsi que l’accueil en résidence de Martine Birobent à la Biennale Out of the Box, aussi à Genève, pour son édition 2015. D’autres retombées de notre participation à la 5BHN sont à prévoir et nous vous en tiendrons informés.

Une brève exposition de nos acquisitions réalisées à la 5BHN sera présentée le premier weekend de novembre, en marge de l’événement «Ma première expo».

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USA Outsider Art Fair Road Trip 2013

La Outsider Art Fair 2013 (OAF) aura certainement constitué un moment tournant pour la visibilité de l’art brut, singulier ou Outsider. L’événement qui en était à sa 21ième édition marquait un virage sous l’impulsion commerciale de son nouvel acquéreur Andrew Edlin et la vision contextuelle de sa commissaire, la montréalaise Valérie Rousseau. Près d’une quarantaine de galeries, des conférences, quelques espaces institutionnels (le American Visionnary Arts Museum, le American Folk Art Museum), un espace consacré au travail du photographe Mario Del Curto et enfin un espace librairie tenu par Raw Vision. The Metro Show, événement plus généraliste qui se tient une semaine avant la OAF, avait un peu ouvert la saison en intégrant bon nombre de galeries connues pour leurs sympathies à l’égard de l’art outsider et dont certaines ont réalisé un doublé sur les deux événements, notamment Just Folk, Carl Hammer et Cavin-Morris.

Désormais, il est admis qu’un certain nombre d’artistes ont été promus au statut de «maîtres» de l’Outsider et que l’absence de reconnaissance par l’histoire de l’art de leur travail est devenu une sorte «d’erreur historique». Les grandes galeries leur auront cette année consacré une large part de leurs efforts. On pense à Bill Traylor, Martin Ramirez, Henry Darger, Aloïse Corbaz, Madge Gill ou encore Adolf Wolfli. Quelques galeries auront pour leur part engagé des efforts louables pour confirmer le statut de nouvelles valeurs sûres telles Stéfanie Lucas chez Grey Carter ou encore George Widener chez Henry Boxer.

Enfin, il faut souligner la présence des «nouveaux venus» Sylvain et Ghyslaine Staelens chez Cavin-Morris, Robert Morgan chez Institute 193 et bien évidemment, nous serons biaisés, Martine Birobent, Evelyne Postic, Daniel Belardinelli et Anne-Marie Grgich chez Bourbon-Lally, le mouton-noir Voodoo de l’édition, pour notre plus grand plaisir.

La Galerie des Nanas effectuait ce voyage de repérage pour améliorer sa compréhension du travail et du contexte entourant l’art insubordonné aux USA. Nous avons pu développer des liens d’affaires avec Henry et James Boxer pour la représentation internationale de Anick Langelier. Martine Birobent a vendu sa Vierge Rose et échangé sa Vierge Vaginale contre une oeuvre splendide de Anne-Marie Grgich. Un autre moment digne de mention est notre visite à la librairie spécialisée Printed Matter, pôle de diffusion et de découvertes pour les livres d’artistes, manifestes, fanzines et essais de toutes sortes. Enfin, nous avons fait la rencontre de l’artiste New-Yorkaise Delphine Diaw Diallo, dont nous espérons vous présenter le travail en mai dans le cadre du Festival Masqu’Alors.

Martine Birobent - Vierge Rose

La Vierge Rose de Martine Birobent, vendue à la Outsider Art Fair 2013…

Nous nous sommes arrêtés quelques instants à la Parlor Gallery de Asbury Park qui présente en ce moment le chouette travail de Ellen Green et sommes restés pour la nuit chez Jill Ricci, artiste, proprio de la galerie et son copain Joe. Charmante soirée bien qu’enrhumée…

Visite inspirante à la Pennsylvania Academy of The Fine Arts de Philadelphie (PAFA) pour l’exposition «The female Gaze : Women artists making their world» (jusqu’au 7 avril 2013). Excellente mise en valeur de la collection Linda Lee Alter par la PAFA, qui se félicite à juste titre d’avoir admise plus de 1400 femmes dans ses programmes d’études au cours du 19ième siècle. Outre les grands noms que sont Louise Bourgeois, Judy Chicago, Jenny Holzer ou encore Ana Mendieta, nous avons pu découvrir une pléthore d’artistes peu connues, mais d’une grande qualité, plusieurs étudiantes de la PAFA. Mentionnons entre autres Judith Schaechter, Alice Neel et Diane Edison. Le constat qui s’est imposé lors de cette visite est le fait que l’art des femmes transgresse avec facilité les écoles esthétiques et qu’une collection comme celle de madame Lee Alter fait place autant aux femmes ayant une formation en art, qu’aux autodidactes comme Minnie Evans, Lee Godie et Melissa Polhamus.

Dès le lendemain, nous combattons tous les deux une grippe carabinée et sautons en voiture pour aller visiter le American Visionnary Arts Museum de Baltimore. Finalement, c’est seul que je ferai la visite en catastrophe (pendant que Martine testait le système de santé de première ligne de Baltimore). Lieu magique, tourné vers la médiation auprès des groupes scolaires, mise en scène splendide des expositions, centre de documentation sur rendez-vous et une librairie digne de la caverne d’Ali Baba. Quelle joie d’y croiser le travail de Ody Saban et de Mr. Imagination, mais surtout, d’y faire la découverte de la très grande Vanessa German. Il faudra bien y retourner…

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Birobent-Langelier : La folie, un bienfait pour l’humanité*

(*le titre de l’exposition est un emprunt à l’ouvrage de ce nom, par Serge Tribolet)
du 6 novembre au 16 décembre 2012 (voir un aperçcu sur YouTube http://youtu.be/7MZuS4LNglc)
La galerie est ouverte tous les jours de 10h à 17h (fermeture annuelle Janvier à Mars)

CHANGEMENT DE PROGRAMMATION
Conférence de Jean-Robert Bisaillon
Les fabuleux marginaux – Niki de St-Phalle, Petit Pierre et Florent Veilleux, artistes sublimes!
le dimanche 2 décembre 2012 à 14h
RSVP sur EventBrite http://www.eventbrite.ca/event/4788158511

Martine Birobent et Anick Langelier, c’est dire l’invisible et l’inavouable, chacune à sa manière. Voilà la proposition que vous fait la Galerie des Nanas pour novembre, décembre et clore sa saison annuelle 2012.

L’exposition La folie, un bienfait pour l’humanité c’est la crème de la crème. C’est la rencontre de Martine Birobent, nana fondatrice de la galerie, pour sa première prestation officielle dans nos murs depuis l’ouverture en septembre 2011, et d’Anick Langelier, jeune artiste montréalaise inédite au parcours stupéfiant.

Si la science ne parvient pas à tout expliquer, c’est aussi et bien heureusement le cas, pour l’histoire de l’art, qui aura maille à partir avec cette exposition. Birobent et Langelier sont représentatives de formes d’art brut et autodidacte très mal comprises. Un art qui puise dans une capacité de regard affranchi des normes et de la critique, sans pour autant cesser de prétendre à l’art. Elles tranchent avec cette idée que les arts bruts sont avant tout un art naïf, l’expression de non-artistes.

Dans les deux cas, il s’agit d’une production volumineuse. Plus de 250 tableaux en 15 ans pour Anick et plus de 400 oeuvres plastiques en tous genres pour Martine. Sans constituer des démarches de thérapie par l’art, la création constitue pour nos deux artistes la principale raison d’être en vie. Les arts visuels sont pour elles, ce que la pratique de la musique ou de la danse sont à ces autres champs d’expression : un exercice quotidien du corps sur la matière. Ici, le concept naît d’un travail d’exécution et non le contraire. Ainsi, n’allez pas croire en l’absence de concept ou de proposition construite, pour les deux artistes, la création est un véhicule de critique sociale, politique ou féministe. Elles dénoncent vertement les écarts violent de nos existences : dépossession et autocensure, négation des droits et atteinte à l’intégrité des humains. Le plus beau est enfin qu’elles parviennent à faire de ces sujets durs, des oeuvres empreintes de sérénité et d’espoir. Elles puisent aux sources de l’inconscient collectif.

La galerie fera relâche après cette exposition pour, notamment, se rendre à la Outsider Art Fair de New-York. Nous reprenons en avril avec la résidence artistique de Joanna Chelkowska.

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Petit précis de réflexion sur les arts visuels autodidactes et insubordonnés (Chroniques d’un voyage de prospection de La galerie des Nanas – 1)

Le texte qui suit est écrit à chaud au retour du voyage de recherche et prospection de La Galerie des Nanas de février 2012, réalisé dans la foulée de l’exposition HEY! Modern Art & Pop Culture à la Halle Saint-Pierre de Paris et des poupées muselées de Martine Birobent à la librairie du même lieu.

La Galerie des Nanas emploie le terme art insubordonné pour décrire l’esthétique à laquelle elle consacre sa mission depuis l’été 2011. En plus de présenter de l’art insubordonné, la galerie privilégie aussi le travail des femmes et s’est donné comme défi additionnel de faire cela en milieu rural, hors du grand centre de Montréal.

Le Québec (et notamment ses capitales culturelles francophones d’Amérique que sont Montréal et Québec) s’est doté au cours des vingt-cinq dernières années, d’un système de soutien aux arts actuels d’une nécessité cruciale pour assurer son existence. Toutefois, au fil des années, ce régime s’est aussi appuyé de façon croissante sur la notion de mérite ou d’excellence artistique, sur les institutions académiques, institutions d’état ou encore sur un réseau de centres autogérés d’artistes professionnels subventionnés requérant des artistes qui y adhèrent, de démontrer leur statut professionnel autant que de démontrer leur engagement dans une production artistique affranchie des contraintes. Ce régime entretient aussi très peu d’interactions avec le marché de l’art qui peine quant à lui à sortir des logiques souvent instantanées, incarnées tantôt par les bustes en série de Corno, tantôt par le trash contrôlé de Besner ou la construction de star autour d’un Marc Séguin.

Dans un tel contexte, La Galerie des Nanas se démarque comme elle le peut, tout en constatant qu’elle partage une passion pour les arts visuels qui s’apparente sans l’ombre d’un doute à la famille de l’art brut. Nous constatons aussi que nous sommes les seuls à assumer officiellement cette posture au Québec et ce, sans nier le fait qu’il existe ici une tradition qui n’est pas nommée pour cette approche des arts visuels. Or, cette esthétique, qui prétend incarner une alternative aux arts institutionnels ou du star-system – en sorte une forme d’anti-esthétique, est aussi, lorsqu’elle fleurit comme c’est le cas en France, aux USA, ou encore en Angleterre, sujette à polémiques, dérives, guerres pour l’attention, récupération de ses logiques ou de ses artistes phares. Par conséquent, nous voulions savoir où et comment La Galerie des Nanas pouvait prendre sa place dans cette jungle des arts visuels où la diversité des espèces est loin d’être en danger, mais où la santé de chacune est menacée tant par le silence, que la starification.

Art brut, art singulier, arts indisciplinés, Art CRU, arts modestes, Raw Art, Outsider Art, arts populaires, Folk Art, art hors-les-normes, arts intuitifs, Self-Taught, stuckism, art autodidacte, art insolite ou création franche ( j’en oublie certainement) ; autant de termes utilisés pour décrire ce que Dubuffet a le premier nommé «art brut» – art qui s’exerce hors des pratiques institutionnelles ou des processus académiques : «l’actif développement de la pensée individuelle» (1). L’art brut est l’incarnation vivante, actuelle et assumée d’un art post-post-moderne, affranchi d’une histoire chronologique de l’art, de l’art culturel, de l’art universitaire ou encore de l’art publicitaire qui se décline aujourd’hui dans le branding de vedettes.

Mais, triste sort, l’art brut, par sa nature anarchiste, voulant s’affranchir des pouvoirs des normes, est retombé à son tour dans un vortex idéologique où l’on se demande quelle en est la véritable incarnation. Au départ, s’il s’agissait de reconnaître la valeur du travail artistique de gens complètement étrangers à l’édifice des arts – les fous (ou les fous légers…), les incarcérés, les petites gens qui peignaient le dimanche, l’art des enfants ou encore les arts premiers (on le sait, l’occident a le monopole du beau), la définition de l’art brut s’est élargie d’autant que les élites tentent de limiter ce qu’est l’art légitime. Art cars, caravanes artistiques, tatouage, BD, graffiti et street art, broderie, tricot, environnements et architecture atypiques, collages, mashups, scratch vidéo, masques, poupées d’art, mosaïque, objets insolites de toutes sortes, cirque de rue et cabarets burlesques, l’art brut est devenu tout ça car on ne sait plus trop bien où et comment classer, départager, récupérer, starifier, subventionner, acheter, juger de la qualité et établir le pedigree d’un artiste et de son oeuvre. Plus l’art culturel devient institutionnel et auto-référentiel, plus les prix de stars grimpent en flèche, plus l’art officiel se vide de toute substance et plus la marge s’enrichit de nouvelles propositions délibérément détonnantes et engagées. C’est ici que le terme art insubordonné prend véritablement son sens.

Enfin, si nous n’avons rien contre les artistes qui maîtrisent la technique, la réflexion autour de leur démarche, nous ne faisons pas de cette maîtrise une condition première et nous admettons qu’une telle maîtrise puisse s’acquérir ailleurs que dans un programme universitaire de création. Tellement d’artistes ont acquis cette maîtrise entre les quatre murs de leur studio, entre les parois de leur boîte crânienne, qu’il est hors de questions d’exiger que cette dernière soit à priori codifiée par un diplôme. Les artistes de talent sont tous des autodidactes avec, ou sans papiers.

Hey!

Ainsi, nous avons rencontré plusieurs acteurs et artistes français lors de notre récent voyage (nous reviendrons ultérieurement plus spécifiquement sur chacun et chacune), mais c’est la rencontre avec Anne & Julien et le succès sans équivoque de leur exposition Hey! Modern Art & Pop Culture qui correspond le mieux à notre logique actuelle. Cet événement, puisque c’en est un, a relevé de nombreux défis. D’abord les oeuvres sélectionnées couvraient un spectre extrêmement ouvert sur le plan des esthétiques, des périodes, des origines, commandé par le seul filtre critique de Anne & Julien et de Martine Lusardy de la Halle Saint-Pierre. Si madame Lusardy a participé à la mise en contexte de l’exposition en proposant des oeuvres d’artistes fondateurs tels Robert Combas, Hervé Di Rosa. Henry J. Darger, Pierre Bettencourt ou Philippe Dereux, c’est l’importance qu’accordent Anne & Julien aux rencontres personnelles qui marque l’exposition. Hey! c’est avant tout un état d’esprit, c’est un ancrage très fort lié au respect du travail et du propos des artistes qu’ils mettent de l’avant. On sent le fil puissant qui lie Hey! à des artistes tels Murielle Belin, Alexandre Nicolas, Chris Mars, Mia Mäkilä, Amandine Urruty, Yu Jinyoung, Kris Kuksi, Scott Hove, Jessica Harrison ou encore Titine K-Leu.

Enfin, l’exposition, marquée par un puissant effet d’attraction tant pour les connaisseurs que le grand public, même familial, et atteignant 1300 entrées quotidiennes lors du dernier weekend, savait puiser dans une multitude de formes d’expressions contemporaines tout en respectant la valeur de chacune des familles de propositions dans l’accrochage, l’éclairage, la mise en scène des oeuvres. BD, tatouage, assemblages, textiles, poupées, dessin, peinture ou sculpture tout y était. Pour couronner le tout, Hey! C’est aussi un cabaret des curiosités, sur scène, où le concept d’oeuvre d’art totale, ou Gesamtkunstwerk, est proposé avec fraîcheur et intelligence. Anne & Julien, DJ et MC (78 RPM Selector), utilisent 3 gramophones et une série de 78 RPM comme piste sonore, proposent un mashup d’arts visuels, VJing (IPSS), musique, danse (Lalla Morte), acting et contorsion (Yannick de Bitche, l’Homme Rouge) et human beatboxing (Ezra) désincarné, onirique. Le temps se désagrège car les propositions et les procédés puisent dans toutes les époques : scie musicale, gramophones mécaniques, thérémine et contrôleur iPhone.

Proximité des créateurs, singularité des propositions, effet choc, accessibilité pour le profane et propos socialement ancré, autant de qualités dont les arts visuels actuels ne peuvent faire l’économie et que l’insubordination offre!

Martine et Jean-Robert – La Galerie des Nanas

(1) Dubuffet, Jean, (1968), Asphyxiante culture, Les éditions de Minuit, Paris, 124 pages, citation prise sur la quatrième de couverture.

Mille mercis à tous et autres textes à venir…

Laurence Maidenbaum et Pascal Hecker de la Halle Saint-Pierre

Anne & Julien du magazine Hey!, commissaires de l’exposition Modern Art & Pop Culture

Paty Vilo de Fiber Art Fever

Christine Beglet

Cathy Burghi

Béatrice Elso et Mizel, le moulin et l’arche de Béatrice à Itxassou (en magnifique Pays Basque français)

Emily Beer (Philippe, Jules et Violette)

Catherine Roselle (et Jules)

Fabesko et Barbara D’Antuono à l’Aftersquat du 59 de Rivoli à Paris

Annabelle Larouche-Saint-Sauveur de l’Ambassade du Canada à Paris et Catherine Bédard du Centre Culturel Canadien

Yves Sabourin à la Direction générale de la création artistique du Ministère de la Culture

La Galerie Dock Sud de Sète

Pascale Gregonia au MIAM de Sète

Le rendez-vous manqué avec la Villa Saint-Clair

Madame Lisette Alibert de la Galerie Lisette Alibert à Paris

Madame Marie-France Openo et Paul, de la Galerie Lefor/Openo à Paris

Pascal Rigeade du Musée de la Création Franche de Bègles

Guy Lafargue du Museum Art CRU de Bordeaux

Bernard Coste du Musée du Veinazès

Lola Rafia à Montpellier

Yann Legrain, Fleur Lefevre, Roman et Anatole (aussi Dieu et Julien) du Collectif du Château de Verchaüs

Mme Ehrmann et Isabelle à la Demeure du Chaos / Artprice à St-Romain-au-Mont-D’Or

Loren, Guy Dallevet de la Biennale Hors-les-Normes et de l’Atelier La Rage à Lyon

Baptiste Brun du Collectif de réflexion sur l’Art Brut (CrAB – Université de Nanterre, Paris Ouest)

Les adorables copines et copains Cécile Blériot, Jean-Noël Bigotti (et tous ses ex-collègues de l’IRMA, Marie-Josée et Gilles, Fabrice et Marion), Thaïs De Roquemaurel, Marion Yonyon, Serge, Anne-Marie et Harmony Beyer, Cédric Manusset de Longueur d’Ondes, Vanessa Cordeiro et Scarlet pour l’apart de Paris, Patricia Teglia (merci Pat!), Rodolphe Burger et Léo Spiritof, Anne-So et Clarisse, Julien Banes et Fabrice Absil, Rebecca Caca et Gérald, Michel Veltkamp, Virginie Birobent, Didier, Philippe (deux amours) et Choupette.

Merci à Antiquités Marilyn de Lyon

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Martine Birobent expose à la Halle Saint-Pierre de Paris

Joie. C’est confirmé, Martine Birobent expose à l’espace librairie de la Halle Saint-Pierre, musée d’art brut et d’art singulier de la Ville de Paris du 6 février au 5 mars 2012. Inutile de dire qu’il s’agira d’un petit moment de grâce… La halle est située dans le 18e, adossée au Sacré-Coeur et au centre du quartier des merceries. Au même moment, le musée accueille dans la salle principale, l’exposition collective HEY! Modern Art & Pop Culture, rétrospective des découvertes de ce magazine contre-culturel, outsider, Tatoo Art, parisien et à portée internationale.

Pour cette première expo notable à Paris, l’artiste présentera une sélection des poupées muselées les plus achevées et quelques travaux inédits créés pour l’occasion.

Durant la période de l’exposition, elle demeurera en France et fera la tournée de lieux clés de l’art insubordonné et féministe afin de cueillir tuyaux et oeuvres pour les prochaines saisons de la Galerie des Nanas. Elle se rendra au MIAM, chez Art-Cru, au Musée de la création Franche, chez Rock n’Troc, à l’Art de Rien; fouiller du côté des Rencontres internationales d’art singulier, de l’Association Art Marginal, Insolite et Singulier (AMIS), de la Biennale Internationale d’Art Hors les Normes. Espérons que le temps ne manquera pas !

 

 

 

 

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